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Les dérives budgétaires de Montreuil - Chapitre 1 : la cantine scolaire
Récemment (dans cet article), je vous expliquais que les services publics de Montreuil sont d’un rapport coût/service-rendu totalement démesuré par rapport à la plupart des autres villes.
Il suffit pour s’en convaincre de comparer le budget total des dépenses rapporté au nombre d’habitants, et de constater que des villes font beaucoup mieux (en termes de propreté, tranquillité, voirie, et cetera) pour des coûts bien moindres.
Voir le tableau comparatif, classé par budget par habitant, en cliquant sur ce lien.
Et pour les fâchés avec l’arithmétique (et à leur demande), voir ce tableau des écarts de gestion entre les villes, en cliquant sur ce lien.
Sans que l’on puisse réellement expliquer de tels écarts, il paraît cependant assez logique que Vincennes fasse mieux que Montreuil avec seulement 8,22 % de logements sociaux et un taux de pauvreté de 8,2 %. Comme si les problèmes financiers étaient inversement proportionnels au poids du social que les villes ont à gérer, ou encore du type de population résidente.
Mais cette assertion intuitive pleine de préjugés est démentie par les performances de la ville du Pré-Saint-Gervais qui, avec des taux de logements sociaux supérieurs à Montreuil et un taux de pauvreté ainsi que de chômage comparables, a les meilleurs indices financiers de toutes les villes du tableau. Ce qui est le cas également de Romainville ou Bondy, dont les indices financiers sont meilleurs qu’à Montreuil. Donc, la piste de l’incidence du social pour expliquer les dérives budgétaires n’est pas corrélée à une situation déséquilibrée du contexte sociologique.
Cependant, les chiffres parlent quand même (toujours, à la demande de ceux qui ont du mal avec les chiffres, des explications) :
1 - À population sociologique quasiment identique, Montreuil dépense 47 % de plus que le Pré-Saint-Gervais par habitant ! Mais aussi de 22 à 17 % de plus que Romainville, Les Lilas, Noisy-le-Sec, Vincennes, Bondy. Les résidents de toutes ces villes qui dépensent moins par habitant ne semblent, pour autant, pas plus mal traités que ceux de Montreuil. Ils n’ont pas plus à se plaindre des problèmes habituels (saleté, tranquillité, voirie, et cetera) que subissent les Montreuillois. Tandis qu’en termes d’environnement certaines sont même exemplaires, comme Vincennes.
Alors, comment est-ce possible que les services coûtent aussi chers à Montreuil, pour aussi peu de résultats ? C’est une indication en soi d’une dérive budgétaire et de mauvaise gestion, qui ont de graves conséquences, notamment sur nos impôts. La conséquence directe est que Montreuil a une pression fiscale parmi la plus forte du panel comparé (aussi bien pour les personnes que pour les entreprises), mais aussi des villes de plus 100 000 habitants (38ième sur 41)…
Pour information, Montreuil dépense 1 729 € par habitant ; la moyenne de la strate des communes est de 1 351 €. Une indication supplémentaire qu’il y a un (des) gros problème(s).
2 - Toujours rapporté à un habitant, Montreuil dépense 37 % de plus que Vincennes en « frais de personnel » pour assurer ses missions. Et 7 villes en tout sur 11, font mieux que Montreuil à ce niveau-là. Ce n’est pas une indication en soi, parce que nous ne connaissons pas la répartition (qui modifie les affectations comptables) entre les régies directes (services directement gérés par des personnels de la ville) et les délégations de services publics (services sous-traités à des organismes privés). De plus, c’est à ce niveau-là que nous pouvons retrouver l’incidence du traitement social qui à l’évidence nécessite plus d’intervenants qu’une ville qui aurait moins de populations à aider.
Cependant, quand 7 villes sur 11 en tout (dont beaucoup ont proportionnellement plus de populations à aider), font mieux que Montreuil, c’est une indication en soi de services qui coûtent chers, surtout si on la compare à la réalité des services rendus. Que je sache, parmi ces 7 villes qui font mieux, la plupart n’ont pas à se plaindre des carences que nous connaissons depuis tant d’années à Montreuil.
Pour information, le ratio de Montreuil pour les charges de personnel est de 60,32 % ; la moyenne de la strate des communes est de 52,03 %. Une indication supplémentaire qu’il y a un (des) gros problème(s).
3 - L’endettement… Un indicateur toujours très significatif, qui signe la façon dont la ville a été gérée. Montreuil est 8,64 fois plus endetté par habitant que le Pré-Saint-Gervais ; et fait moins bien que 8 autres villes sur 11 en tout. Cependant, pour savoir si c’est grave, il faut mettre en regard de cette dette les actifs de la ville. Une dette, aussi importante soit-elle, n’est mauvaise que si on ne peut pas mettre en face des actifs qui la compenseraient. Il faudrait pour savoir ça, avoir accès à l’inventaire et état d’actifs ; et cela n’est apparemment pas publié.
Cependant, Montreuil doit faire face à une dette totale de 218 millions d’euros, soit 1,2 fois son budget de fonctionnement annuel. À titre de comparaison, le Pré-Saint Gervais a une dette totale de 4,3 millions d’euros qui représente 0,17 fois son budget annuel ; tandis que Vincennes a une dette totale de 47 millions d’euros qui représente 0,56 fois son budget annuel. On comprend bien qu’avec une telle contrainte financière au niveau des remboursements (21 millions pour l’annuité de la dette en 2015), la dette pèse lourdement sur le budget de Montreuil ; et que toute variation à la hausse des taux d’emprunt mettrait sérieusement en péril cette ville.
Le problème date de loin, d’une époque où les taux d’emprunts étaient en plus très élevés. Malgré une meilleure conjoncture des taux, il a à peine été rectifié (pour le total) par l’avant-dernière municipalité, tandis que notre Mairie actuelle a au contraire encore aggravé cette dette. Reste que l’écart avec la moyenne nationale s’est aggravé avec les deux derniers maires.
À l’évidence, des emprunts (en excluant ceux visant à combler un besoin en fonds de roulement cyclique) ont été faits pour assurer du fonctionnement. Donc, on a fait des emprunts pour assurer de l’activité, et/ou l’autofinancement ne permettait pas de financer les investissements, et ça, c’est très grave. Aussi grave que si vous deviez emprunter de l’argent pour manger, ou achetiez un bien, destiné à durer, sans avoir les moyens de l’acheter, ou pire qui ne vaudrait plus rien à plus ou moins court terme.
Pour information, l’endettement par habitant de Montreuil est de 2 091 € ; la moyenne de la strate des communes est de 1 191 €. Une indication supplémentaire qu’il y a un (des) gros problème(s).
Il faudrait pour connaître l’origine de tels écarts, analyser le détail ainsi que l’historique des budgets à service comparable ; et bien sûr, outre que je n’ai pas accès à ce type d’informations, il faut du temps pour réaliser ce type d’études.
De nombreux facteurs (endettement, choix du mode de gestion, poids du social, sociologie des populations, et cetera) peuvent expliquer en partie ces écarts ; et évidemment, ce que je vous présente n’explique rien en soi. C’est juste un constat factuel significatif de mauvaise gestion.
Mais, on peut déjà se rendre compte avec ces quelques indicateurs que quelque chose ne tourne pas rond à Montreuil (comme dans d’autres communes d’ailleurs) : compte tenu de l’énorme pression fiscale et à l’endettement par habitant, ainsi qu’à son ratio de charge de personnel dans son budget, Montreuil ne rend pas les services que seraient en droit d’attendre ses habitants. Et ce n’est pas le manque d’argent qui empêche Montreuil de répondre aux besoins de ses habitants, mais bien autre chose...
Contrairement aux apparences qui font que quand on arrive dans cette ville, on peut penser qu’on débarque dans une localité du tiers-monde sans moyens, Montreuil est riche, très riche ; beaucoup plus riche que Vincennes, par exemple, en termes de ressources. C’est juste une ville mal gérée, qui a pris de mauvaises habitudes, et depuis trop longtemps.
Je n’ai pas eu longtemps à attendre pour trouver un exemple criant de gabegie…
Dans le numéro 22 du « Le Montreuillois », la municipalité se glorifie que sur un coût de 13 € par repas, celle-ci subventionne 60 % des coûts totaux ne laissant à la charge des familles que 0,54 € à 6,5 € par repas, en fonction du quotient familial de celles-ci.
Ce passage au quotient familial qui pénalise injustement certaines familles par rapport à d’autres en fonction de leur statut fiscal, est inégalitaire dans sa forme actuelle, car il ne tient pas compte de la réalité des revenus ; tandis que par ailleurs, il a fait brutalement augmenter la contribution de certaines familles. .
Cependant à l’exception de ces iniquités, on ne peut qu’être d’accord avec la politique sociale de notre municipalité qui consiste à subventionner les repas pour les enfants des familles à faible revenu et à imposer un barème progressif en fonction des revenus…
Sauf que… où a-t-on déjà vu qu’un repas de collectivité pouvait atteindre 13 € !!! J’ai beaucoup cherché et je n’ai pas trouvé…
La plupart des villes (sauf peut-être dans le 93 qui communique peu là-dessus) affichent des coûts de revient totaux entre 5,2 € et 10 €, y inclus les frais de personnels communaux qui assurent la préparation, les services, l’animation du temps périscolaire, ainsi que l’ensemble des charges et frais de gestion ; mais jamais au-delà.
Quelques exemples (même si certains datent un peu, je doute qu’ils soient arrivés aujourd’hui à des niveaux de coûts tels que ceux de Montreuil) :
- pour comprendre comment se décompose le coût de revient
- exemple, Dompierre-sur-Yon, coût de revient : 6,05 € et des repas bio
- exemple, le Var, coût de revient : 6,05 €
- exemple, Aunay-sur-Odon, coût de revient : 5,13 €, avec un coût stable depuis 5 ans
Vous pouvez chercher vous-mêmes d’autres exemples, et je suis preneur des contre-exemples, s’il y en a…
Cependant, si ces communes arrivent à ces coûts de revient sur de petites unités, comment est-ce possible que Montreuil explose son budget, alors qu’il devrait faire d’énormes économies d’échelle au vu du nombre total de repas servis ?
D’ailleurs, on trouve des restaurants avec des menus complets à 13 € (et même moins), sauf que dans ce prix, il y a la marge nette du restaurateur, qui lui laisse généralement entre 30 et 66 % de son prix de vente dans la poche ; ce que ne se permet pas une commune qui est au prix coûtant.
Alors comment est-ce possible que Montreuil fasse aussi mal ?
Comme me l’a expliqué une parente d’élève rompue aux pratiques locales, il n’y a aucun système unifié pour les maternelles, écoles et collèges de Montreuil pour ce qui concerne les cantines.
Tantôt les repas sont préparés sur place, tantôt ils proviennent d’un prestataire extérieur et sont réchauffés sur place, tantôt ils proviennent de cuisines centrales… Il y a même des systèmes mixtes avec une partie préparée à l’extérieur et une autre faite sur place.
Bref, chaque école a son système et on commence à comprendre pourquoi au final cela coûte si cher, pour une qualité gustative parfois médiocre (selon les mêmes dires de cette parente d’élève), qui oblige en plus dans ce cas à gérer d’énormes quantités de déchets.
Mais cela n’explique pas tout. Des établissements se plaignent du manque de personnel d’encadrement des élèves dans les cantines ; donc a priori on ne peut même pas mettre sur une inflation de salariés ces coûts aussi exorbitants.
Alors comment Montreuil peut-il arriver à un coût de 13 € par repas ? Plus globalement, qu’est-ce qui explique et justifie que Montreuil dépense 47 % de plus que Le Pré-Saint-Gervais par habitant ? Et il faut bien au final poser la question : où passe l’argent ?
On n’en saura pas plus et ce d’autant qu’on serait bien en peine de trouver sur le site de la Mairie autre chose qu’une présentation édulcorée des comptes de la Ville, faite pour amuser les enfants, sans aucun détail des comptes.
Quant à l’information du « Le Montreuillois », elle est devenue un hymne permanent aux « actions » de la municipalité, sans même se rendre compte quelle image ridicule, elle donne de celle-ci en voyant tout en rose et en passant sous silence tous les problèmes réels…
C’est terrible cette société où le déclaratif remplace les actes et où la communication veut faire plier la réalité à ses mensonges.
Ça rappelle bigrement tout ce qui se passe avec Est Ensemble, le Département, la Région et la Préfecture, où on ne sait plus qui fait quoi, et où chacun se renvoie constamment la balle et la responsabilité de ce qui n’est jamais fait, malgré les demandes incessantes des habitants locaux, sur la propreté, la tranquillité, la sécurité, les transports, et cetera, et cetera…
De l’enfumage, rien que de l’enfumage, pendant qu’on continue à ne rien faire, ou pire à faire n’importe quoi, et pire du pire à faire le contraire de ce qu’on dit qu’on fait…
Petit rappel : de 2009 à 2016, et la création d’Est Ensemble (en 2010) les impôts locaux ont augmenté de 17,9 % pour la taxe d’habitation (2,8 % de plus en moyenne par an), et 26,4 % pour la taxe foncière (4 % de plus en moyenne par an). Quelqu’un a-t-il pu constater une amélioration des services publics locaux à part autour de la Mairie ?
C’est d’autant plus inadmissible qu’Est Ensemble était censé nous faire faire des économies d’échelle et améliorer les services rendus…
Je doute que l’association de « bras cassés » qu’est Est Ensemble (à l’exception notable du Pré-Saint-Gervais), avec des communes qui ont toutes des problèmes de gestion arrivent à améliorer quoi que ce soit au quotidien des Montreuillois ; par contre, il améliore notablement le sort de tous les salariés (élus et nouveaux personnels intercommunaux) de cette structure payée par nos impôts.
Cela dit et exposé, c’est bien que la Mairie communique… Plus elle le fait sans se remettre en cause, au mépris du simple bon sens de ceux qu’elle voudrait convaincre, et plus tous ceux qui n’en peuvent plus qu’on leur mente se détournent d’elle.
Par exemple, à la suite de la soirée d’information (Sic !!!) sur le nouveau collège, où nous n’avons eu aucune réponse à nos questions (notamment sur le choix du PPP qui est un gouffre financier à retardement dénoncé, entre autres, par la Cour des comptes), et malgré une salle composée probablement pour moitié d’élus et personnels communaux, 25 nouvelles signatures se sont rajoutées aux 320 déjà reçues.
J’encourage donc cette Mairie à continuer à communiquer comme elle le fait, à nier les problèmes et à ne jamais répondre aux questions, de façon à ce qu’elle finisse de creuser sa propre tombe ; et qu’on passe à autre chose.
Quand tous ces gens arrêteront de nous mentir et de nous prendre pour des imbéciles, peut-être que les désespérés arrêteront de se tourner vers les bonimenteurs qui mentent tout autant, mais qui ont pour eux de se positionner en dehors du système, même s’ils en font totalement partie.
Montreuil ne mérite vraiment pas ça ; mais à ce rythme de trahisons, il ne faudra pas jouer les étonnés ni les offusqués, quand les environ 50 % d’électeurs, qui s’abstiennent régulièrement de se déplacer pour les élections locales à Montreuil, se remettront à voter.
Ils risquent bien de balayer tous les petits potentats locaux qui ne pensent qu'à se faire réélire et sont persuadés que la communication mensongère est une action en soi, bien suffisante pour masquer leurs incompétences, leurs trahisons, leurs incohérences et leurs carences.
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Commentaires
je n'ai jamais lu autant de débilités sur une seule page. vous vous imaginez à Montreuil chaque école faisant sa popote pour la restauration , avec quelle cuisine ? les écoles ne disposent que de fours pour réchauffer les barquettes ...renseignez vous avant de vomir vos délires, c'est dommage car cela remet en cause tout votre raisonnement et les chiffres que vous présentez.
Merci aussi pour les bras cassés qu ramassent la merde que les "citoyens " balancent dans les rues en les traitant de fainéants !!
Vous pouvez vous présentez en politique vous magniez très bien la première qualité , l'art de manipuler le public
Effectivement Montreuil ne mérite pas cela
une Montreuilloise qui bosse dans les écoles !!
Chère Anonyme,
J'ai hésité à supprimer votre commentaire qui ne respecte ni les simples convenances, ni la charte des commentaires. Mais, je le trouve tellement illustratif de ce qui coince à Montreuil qu'il est en fait parfait.
Où ai-je écrit que chaque école devrait avoir sa propre cuisine ? Alors que je parle au contraire d'économie d'échelle à réaliser en regroupant les besoins et que je dénonce le morcellement des organisations, ainsi que leur opacité.
Qui parle de "bras cassés" pour les personnels ? Alors que je ne parle que des communes, c'est-à-dire des politiques, déjà incapables de gérer leur propre ville, qui se regroupent dans Est Ensemble.
Vous sentiez-vous visée à ce point, pour avoir pris pour vous qui "bossez dans les écoles" (à quel titre ? Ça serait intéressant de le savoir), des constats et des critiques qui ne concernent que les politiques ? Serait-ce un réflexe d'autodéfense corporatiste ?
Si tous les personnels de Montreuil sont comme vous, s'ils savent aussi peu se remettre en cause, c'est sûr qu'on n'est pas sorti de l'auberge. Si en plus, ils ne comprennent pas ce qu'ils lisent, alors là, on est carrément foutu. Et si en plus ne comprenant pas ce qu'ils lisent, ils deviennent insultants, que dire... qu'ils devraient consulter ?
Mais si vous voulez qu'on parle des personnels de la ville, voilà ce que beaucoup affirment régulièrement, en apportant des exemples, au Conseil de quartier : on voit plus souvent les personnels de la Ville au bistrot ou à des endroits où ils n'ont rien à faire pendant leurs heures de travail qu'au boulot...
Ils ont évidemment tort de généraliser et d'exagérer ; mais, puisque vous êtes si sûre que tous les personnels communaux font si bien leur travail et de leur mieux, je vous invite néanmoins à venir leur répondre.
Maintenant, si vous avez des vrais arguments pour nous expliquer pourquoi, nous avons tant de problèmes à Montreuil, pourquoi les services publics coûtent plus cher que dans la plupart des autres villes, pour des résultats médiocres, et depuis si longtemps, je suis tout ouïe.
Vous pouvez bien faire ça pour la défense de "vos" écoles, payées avec l'argent de tous les contribuables.