• Autolib’ : un vrai scandale qui n’émeut pas grand monde à Montreuil et ailleurs...

     

    Beaucoup de médias ont titré sur les problèmes d’Autolib’ de façon anecdotique. Le Canard Enchaîné, par la plume de Christophe Nobili,  a fait mieux : dans son édition du 04/01/2017, il a publié les chiffres concernant les comptes prévisionnels d’exploitation sur 12 ans, établis après 5 ans de fonctionnement.

    Mais ce qu’aucun média n’a fait, c’est d’analyser les chiffres, pour vous permettre de prendre la mesure de l’ampleur de l’arnaque des dégâts.

    Alors, puisque, pour des raisons diverses, les médias ne font plus leur travail d’analyse (et depuis longtemps), je vais m’y coller.

    Résumé et rapides calculs...

    Les données (Le Canard Enchaîné du 04/01/2017)

     

     

                                                12  

    ans d'exploitation prévisionnelle

    Subvention publique

                                           4 000  

    véhicules (perte prévisionnelle à la charge des communes)

                 118 000 000  

                                           1 100  

    stations (60 000 € le coût d'installation d'une station)

                   66 000 000  

                                           6 300  

    bornes installées

     

                                       131 000  

    abonnés

     

                                165 000 000  

    kilomètres parcourus

     

                                                  9  

    kilomètres, le trajet moyen en Autolib'

     

                                  18 333 333  

    le nombre de trajets effectués sur 5 ans

     

                                  60 000 000   

    la perte prévisionnelle de Bolloré sur 12 ans

     

     

    Total coût pour 12 ans

                 184 000 000  

         

    Coûts

     

     

    Coût par véhicule / 12 ans (sans l'amortissement des stations)

                                    29 500  

     

    Coût annuel par véhicule (sans l'amortissement des stations)

                                      2 458  

     

    Amortissement annuel sur 12 ans des stations par véhicule

                                      1 375  

     

         

    Coût direct annuel de la subvention par véhicule

                                      3 833  

     

     

    Mais pour trouver le coût de revient total d’un véhicule, il faut en plus rajouter :

    - les pertes de redevances des 6 300 places de stationnements payants, supprimées pour faire place aux Autolib',

    - la part payée par l’utilisateur,

    - la perte prise en charge par Bolloré (60 millions d’euros).

    Ce qui suit est des estimations (je n’ai pas le détail de ces données), mais si on extrapole les chiffres du Canard avec les différents tarifs actuels en vigueur, cela donne :

    Perte de redevance annuelle des 6 300 places de stationnement. Estimation basse : 6 300 bornes X 1 € X 6 h X 230 jours

                               8 694 000  

    Part par véhicule

                                      2 174  

    Total du coût annuel pour les collectivités par véhicule

                                      6 007  

       

    Subventions directes et indirectes

     

    Subvention par abonné sur 12 ans

                                      2 201  

    Subvention annuelle par abonné

                                         183  

    Subvention par kilomètre parcouru

                                        0,73  

    Subvention par trajet

                                        6,55  

       

    Part payée par l'utilisateur (N.-B. : estimation basse) et perte de Bolloré

     

    Total des abonnements annuels (131 000 X 120 € / 2)

                               7 860 000  

    Part annuelle payée par les usagers (6 € par trajet X 18 333 333 / 5 ans)

                             22 000 000  

    Total de la part annuelle payée par les usagers

                             29 860 000  

    Part annuelle des utilisateurs par véhicule

                                      7 465  

    Perte annuelle prise en charge par Bolloré par véhicule (60 M€ / 12 ans / 4 000 véhicules) 

                                      1 250  

       
       

    Total du coût de revient par véhicule et par an

                                    14 722  

     

     

    Prix d'un véhicule sur 12 ans avec sa maintenance et le service

                                  176 662  

     

    Il y a cependant deux totales inconnues, non prises en comptes dans ces données :

    1 - Le Canard nous indique que le coût du développement informatique a coûté 60 millions d’euros, au lieu des 11 prévus (!!!). Mais il ne nous précise pas, si ce dérapage est inclus dans le montant de 118 millions d’euros que les collectivités vont devoir verser à Bolloré, pour compenser sa perte prévisionnelle totale de 178 millions d’euros.

    2 - Si on veut obtenir la totalité du coût de revient de ce scandale, cette supercherie, cet amuse bobo, ce « sé(r)vice », il faudrait pouvoir connaître et rajouter tout également les pertes de redevances du stationnement en dehors des bornes de rechargement, puisque celui-ci est gratuit pour les Autolib’... Une donnée non publiée et non estimable.

     Quoi qu’il en soit, on aboutit à un coût de revient annuel (déplacements, maintenance et service inclus quand même), donc un coût d’exploitation de : 14 722 € par véhicule et par an ! Un coût sur 12 ans par véhicule de 176 662 € !

    Soit quand même 707 millions d’euros sur 12 ans pour l’agrément d’une toute petite minorité… une paille… pendant que la très grande majorité continuera à prendre des transports en commun, dont on connaît les insuffisances.

    Pour mémoire, le prix catalogue d'une Dacia Logan est de : 7 790 €. Le coût de revient total d’Autolib’ aurait permis d’acquérir 90 712 véhicules (!!!) que nous aurions pu mettre en 12 ans à la disposition des usagers dans le besoin (sans leur maintenance).

    Le prix d’une voiturette commence à partir de 4 000€ ; et dans ce dernier cas de figure, ce sont 176 662 véhicules (!!!) que nous aurions pu mettre en 12 ans à la disposition des usagers dans le besoin…

    Donc, un coût de revient pour une Autolib’ monstrueux sans commune mesure avec le « service » rendu ; et ce d'autant plus qu'avec la multiplication des VTC et de l’auto-partage, sans oublier les taxis, ce service est déjà largement assuré...

    À ce jour, nous versons à chaque utilisateur, en fait à Bolloré, 6,55 € par trajet effectué ! Incroyable de savoir que nos impôts financent des besoins privés à cette hauteur… Rappelons au passage (chiffres 2010) qu'un trajet en métro n'est subventionné qu'à hauteur de 0,85 € par trajet... et pour le Vélib' : 2,14 € (ce qui constitue un autre scandale en soi)...

    Quand on connaît le bilan carbone et écologique des voitures électriques, ce n’est vraiment pas ce qu’on fait de mieux en matière écolo. Pire, selon de nombreuses études, la voiture électrique perd à peu près dans tous les domaines (en fonction des seuils de kilométrage effectués pris en compte), quand on la compare à un véhicule thermique. Notamment, elle serait deux fois plus dommageable pour l'environnement qu’un véhicule thermique ; un comble… On paye donc des impôts, pour massacrer encore plus l’environnement, et faire fonctionner encore un peu plus nos centrales nucléaires, qui à ce rythme ne sont pas près d’être fermées !

    Dans cette même « logique » absurde et afin de respecter une concurrence loyale, je ne vois pas pourquoi cette même subvention de 6,55 € ne serait pas versée à chaque trajet aux personnes qui utilisent une VTC, l’autopartage ou un taxi, au lieu de leur bagnole. C’est vrai quoi, ça serait écolo…. et sûrement plus simple à gérer.

     

    C’est ça l’arnaque le « miracle » des PPP (partenariat public-privé), les bénéfices sont privatisés et les pertes, même quand elles sont dues à la mauvaise gestion et/ou l’imprévoyance du partenaire privé, sont à notre charge ! Dans tous les cas avec les PPP, même quand le privé perd, il gagne quand même… une vraie « incitation » à la dilapidation des deniers publics.

    Quand on n’a pas la volonté politique de vraiment résoudre les problèmes et surtout aucune idée pour y arriver, c’est ce genre de politique qui est mise en place.

    Cela a juste une conséquence non négligeable : la dette des Parisiens par habitant a été multipliée par 4 ; elle est passée de 501 € en 2001, à 2 059 € en 2015 (elle devrait être de 627 €, si elle avait suivi l’inflation).

    Cette municipalité est passée du statut d’une des villes les moins endettées de France à une des villes les plus endettées de France par habitant… Formidable résultat en 15 ans, non ? Tout ça pour ne résoudre absolument aucun problème et en les aggravant même sur bien des plans. Mais tant que c’est pour faire plaisir à quelques bobos soi-disant écolos qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, on dépense sans compter, même si tout cela produit des résultats contraires aux objectifs.

    Enfin, on se console avec de belles campagnes de propagande communication (reprises en cœur par la plupart des médias), dont je me demande jusqu’à quel point elles pourront continuer à faire illusion et à nous mentir sans que ça ne leur pète au nez. L’électeur est-il si crédule qu’on puisse lui faire gober et supporter n’importe quoi jusqu’à l’indigestion, depuis 15 ans ?

     

    L’exemple récent des vignettes est frappant à ce sujet là.

    J’ai un vieux véhicule de 20 ans - à essence et qui consomme 4 litres aux cent, une merveille sans électronique trafiquée - qui disposait d’une vignette verte sous Voynet (1997), tant il était considéré à l’époque comme une voiture écolo… Mais dès cette année, non seulement je n’ai droit à aucune vignette nationale, mais en plus je n’ai plus du tout le droit de circuler dans Paris ; tandis que les bobos en 4X4 diesel flambant neuf auront toujours le droit eux. Formidable, non ? Et tellement absurde…

    La chasse aux pauvres continue à être ouverte, et s’ils pouvaient ainsi relancer l’achat de véhicules neufs, ça serait pas mal aussi. Mais ils ne sont pas à une contradiction près.

     

    Quel scandale incroyable que cette Mairie PS de Paris soit encore réélue depuis 2002 et toujours en toute impunité... C’est vraiment la pire calamité qui a dirigé Paris (sans regret malgré tout vis-à-vis de la précédente majorité), notamment pour aggraver résoudre les problèmes de circulation et de pollution.

    Le problème non accessoire est que quasiment toutes les banlieues de Paris s’alignent sur ce type de politique contre-productive et coûteuse. Au final, combien vont nous coûter les 14 stations Autolib’ à Montreuil ? Combien vont se rajouter au 840 000 € pour la seule installation des 14 stations, décidée par Monsieur Bessac ?

    Le problème c’est qu’en « prime », avec le Grand Paris nous devrons bientôt subir tous les diktats absurdes et contre-productifs de Paris.

    Quand je vous disais que c’était une arnaque un scandale, vous le pensez avec moi maintenant ? Mais il est vrai que la politique est un scandale perpétuel depuis tant d’années, qu’on se demande bien ce qui pourra y mettre un terme.

    Moi Président, j’interdirais les PPP, à tous les niveaux ; mais il n’y a aucun risque que nous trouvions cela dans les intentions de nos élus ; tant cette pratique semble satisfaire tous nos politiques locaux, au détriment de nos porte-monnaie. Je n’ose même pas vous dire ce que j’imagine des réelles raisons qui font que nos politiques persistent dans l’erreur et la gabegie, tant je m’exposerais probablement à des foudres judiciaires pour diffamation. 

    Je voudrais terminer cet article sur un appel public. Je demande à toute personne, qui a connaissance et qui pourrait démontrer qu’il y en a au moins un PPP qui coûte ou a coûté moins cher aux contribuables qu’une gestion directe des collectivités, de se manifester et de nous faire part de cette exception.

    « « Tout va bien » à Montreuil : 29 pétitions « seulement » y circulent… Linky : pour une analyse plus politique du problème »

    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    1
    servitudevolontaire5
    Mardi 19 Juin 2018 à 16:59

    Quelque soit le bout par lequel on prenne le problème on parvient toujours au même résultat en économie néolibérale : la faillite.La servitude volontaire qui prend la forme de la « Délégation de Service Public » (D.S.P.)fonctionne toujours suivant le même principe :les intérêts privés (Bolloré and Co)se partagent les profits tandis que la collectivité (le Bien Public)se partage les dettes.Le néolibéralisme (l’Etat au service des puissants intérêts privés)n’est viable ni économiquement,ni socialement,ni écologiquement,ni internationalement (cf Bolloré and Co qui fait de substantiels profits à l’ombre des dictatures africaines dans le cadre d’un capitalisme colonial rénové).Bref c’est un échec patent.Il convient d’en tirer TOUTES les conclusions.oops

      • Mardi 19 Juin 2018 à 18:47

        Je ne sais pas si c'est un phénomène "politique" (tel que vous le décrivez yes), ou "juste" un problème de corruption généralisée (et à tous niveaux) ; parce que persister autant dans l'erreur (et ce qui ne marche pas) avec une telle constance (alors même que des pays plus "libéraux" que nous ont renoncé depuis longtemps aux PPP) démontre, pour le moins, qu'il y a un problème "caché" en France, sur la façon dont se prennent les décisions politiques.

        Soit nos politiques sont totalement incompétents et il faut qu'ils retournent à la vie civile, soit ils savent ce qu'ils font et il faut les envoyer en prison.

        Vous aurez remarqué au passage, alors que le scandale Autolib bat son plein, que cet article a été publié, il y a un an et demi. J'attends que la prise de conscience de "l'arnaque" se fasse aussi sur les Vélib, pour lesquels il y a plus de dix ans je dénonçais déjà les coûts faramineux. cry Quand tout cela cessera-t-il... j'ai un coup de fatigue tout à coup.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :