• La judiciarisation de la vie politique : une nouvelle forme de lutte obligée ?... Proposition de création d’une association locale.

     

    À l’échelle locale et à une époque lointaine que nos jeunes n’ont pas connue, il était assez aisé de résoudre un désagrément personnel ou collectif.

    Le plus souvent un simple courrier aux pouvoirs publics et/ou aux élus, parfois accompagné d’un rendez-vous avec un adjoint au Maire ou le député, déclenchait la résolution du problème…

    Ces pratiques ont bien souvent été montrées du doigt et on leur a même attribué de vilains qualificatifs : « clientélisme », « favoritisme », « pistonnage », et cetera. Mais au-delà de la stricte définition de ces mots et des abus que ces pratiques ont parfois engendrés, je ne vois pas en quoi résoudre les problèmes des administrés pouvait être répréhensible.

     

    Évolutions et constats 

     

    Puis d’autres pratiques, d’autres circuits (consécutifs, entre autres, aux différentes strates de pouvoir qui se sont accumulées depuis 40 ans) se sont imposés et ont rendu ce qui était si simple d’une extraordinaire complexité.

    Au point qu’on en arrive à un phénomène connu d’irresponsabilité des élus politiques toujours croissant :

    - nos élus nationaux nous disent que beaucoup de choses dépendent de l’Europe,
    - nos élus régionaux, des pouvoirs nationaux,
    - nos élus départementaux, des pouvoirs régionaux,
    - les élus locaux, des élus régionaux, départementaux et/ou des communautés d’agglomération (qui ne sont pas élus),
    - les « nommés » d’agglomération, des pouvoirs centraux, et cetera, et cetera… dans un système interchangeable de défausse sur une autre institution.

    La responsabilité des impuissances est d’ailleurs totalement interchangeable, puisqu’on a même entendu des députés et commissaires européens se plaindre du fait que les États ne prenaient pas assez leurs responsabilités…

    En bout de chaîne, il y a les Conseils de quartiers et les différentes instances de consultation-concertation (et bientôt les Conseils citoyens), dont beaucoup s’accordent à constater qu’ils ne servent strictement à rien.

    Au-delà des quelques initiatives personnelles (fêtes, évènements, actions ponctuelles, et cetera) que ces instances ont pu soutenir et qui ne doivent rien à nos élus trop contents de profiter de la pub que cela leur procure, on peut reprendre tous les ordres du jour depuis des années (je suis remonté à 2005) et constater que les problèmes s’ils ne se sont pas résolus d’eux-mêmes (fin d’un chantier apportant des nuisances, par exemple), jamais aucun sujet n’a trouvé une résolution positive immédiate et encore moins pérenne.

    À l'exception des problèmes temporaires, on peut recopier tous les ordres du jour depuis 12 ans (et au-delà pour certains) tels quels aujourd’hui, et personne ne remarquera que ces sujets sont sur la table et attendent d’être résolus depuis tant de temps maintenant à Montreuil :

    - saleté permanente,
    - déchets,
    - tags,
    - tranquillité publique,
    - chantiers envahissants,
    - misère au coin de la rue,
    - SDF abandonnés à leur sort ou ivres sur la voie publique,
    - squats produisant des nuisances,
    - insécurité,
    - dealers exerçant leur commerce en toute impunité,
    - tapage nocturne,
    - entreprises polluantes et/ou gênantes et/ou envahissantes,
    - difficultés de stationnement,
    - embouteillages,
    - incivilités diverses et variées,
    - infractions au Code de la route,
    - voirie dégradée,
    - trottoirs impraticables (souvent à cause de commerces envahissants ou de mobiliers urbains installés en dépit du bon sens),
    - urbanisme délirant,
    - perte d'espaces verts et de zones naturelles,
    - absence de toilettes publiques et en conséquence rues qui servent de WC,
    - accès handicapés inexistants,
    - dégradation et envahissement des mobiliers urbains, …

    Liste bien évidemment non exhaustive et qui pour certains sujets se sont même aggravés, notamment depuis la création d’Est Ensemble en 2010… avec pour comble, une fiscalité locale et des prix d’accès aux services de la Ville (stationnement, piscine, cantine, place de marché, et cetera) en constante augmentation, sans qu’on n’ait absolument rien vu s’améliorer sur le fond.

    Pour mémoire depuis 2010, les impôts locaux ont augmenté de 17,9 % pour la taxe d’habitation (2,8 % de plus en moyenne par an), et 26,4 % pour la taxe foncière (4 % de plus en moyenne par an) ; tandis que la CET (Contribution économique territoriale (des entreprises)) est une des plus fortes de France ; pendant que sur ces années l’inflation n’était que de 1,16 % en moyenne par an.

    Bref, on serait bien en peine de démontrer qu’une parole des habitants ait servi à modifier quoi que ce soit à des décisions déjà prises ou ait permis de trouver des solutions pérennes et efficaces à des problèmes récurrents.

     

    Les causes ou presque… 

     

    On pourrait analyser et gloser longtemps sur les raisons qui ont conduit à ces états de fait ; cependant, ça ne changerait strictement rien au constat assez bien résumé dans cette phrase attribuée à Coluche : « la dictature, c'est ferme ta gueule ; la démocratie, c'est cause toujours tu m'intéresses ». Quand en décembre 2016, je recensais sur un article 29 pétitions circulant à Montreuil, pour alerter sur un malaise grandissant, j’étais loin d’imaginer qu’à peine 8 mois après nous en serions à plus de 40 (après un rapide comptage qui doit être en dessous de la réalité) !!!

    Néanmoins, on ne peut pas dire que nos élus soient totalement sourds et la plupart sont même humainement assez sympathiques.

    Cependant, depuis le temps que je discute et « bataille » avec eux, mon constat tout à fait personnel - même en les trouvant sympathiques, mais sans concession ni compromission - c’est qu’ils souffrent dans leur grande majorité (sans distinction d’origine partisane) d’une incapacité à agir patente, d’incohérences foncières multiples qui leur font confondre les buts à atteindre avec les remèdes à mettre en place, d’un grave défaut cognitif pour juger des priorités, et il faut bien le dire d’incompétences multiples notoires…

    Pour comble, tout occupés qu’ils sont à se faire élire sur des mandats plus prestigieux ou à se faire réélire, ils sont en plus capables de nous (se) raconter n’importe quoi.

    Et pas besoin d’être un « spécialiste compétent, docteur es rationalité et logique » pour faire ce type de constats ; il n’y a que les résultats qui comptent et on serait bien en peine d’en trouver où on puisse se dire : « enfin, « nos » élus ont résolu ce problème et on va pouvoir passer à autre chose ».

    Et je précise bien, pas « tous pourris » (quoi que…), mais très largement tous issus des mêmes moules politiques traditionnels, dont on peut sans conteste aucun mesurer l’inefficacité depuis plus de 40 ans…

    On ne s’intéressera pas ici à la séquence politique nationale française récente qui a vu les partis traditionnels laminés au profit d’une nouvelle classe dirigeante soi-disant nouvelle ainsi que des extrêmes. Cependant, elle est, entre autres, assez symptomatique de la lassitude et/ou la colère que nous pouvons tous ressentir de nous faire bourrer le mou depuis tant de décennies, sans qu’on ne voie concrètement jamais rien changer… ou encore, en constatant que c’est toujours plus de la même chose en pire… les politiques semblant totalement ignorer la sentence d’Albert Einstein : « La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent. ».

     

    Alors, que faire ? 

     

    De nombreux anciens militants ou tout simplement ceux qui se sentent un tant soit peu responsables ont trouvé une solution toute personnelle et néanmoins partagée par le plus grand nombre. Ils ont tellement été dégoûtés, et ont parfois morflé, en suivant la maxime de Marc Aurèle - « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre » - qu’ils n’appliquent plus que la partie où on ne peut rien changer.

    Ils ont toujours un avis sur tout et sur ce qui ne va pas ; mais, sauf urgence personnelle, on ne les voit plus dans aucune instance de concertation-consultation, et encore moins prendre la moindre initiative citoyenne, même pas pour se faire entendre.

    La désaffection et désertion des Conseils de quartier en est le triste résultat, tandis que personne ne songerait à leur jeter la pierre, tant cela reviendrait à leur demander de poursuivre une pratique masochiste et mortifère, où à force d’espérer ce qui n’arrive jamais, on finit par se désespérer soi-même.

    C’est pourquoi, je leur et vous propose de passer à une autre forme de revendication et de lutte ; moins mortifère, moins chronophage et je l’espère plus efficace.

     

    D’abord deux constats : 

     

    1 - Pour ceux qui penseraient encore que l’absence de moyens financiers est la cause de ce qui ne se fait pas à Montreuil, je les renvoie à cet article ou encore mieux à celui-ci.

    On y découvre notamment qu’en 2015, la pression fiscale y était de 1 729 € en moyenne par habitant ; alors que pour la moyenne de la strate des communes équivalentes, elle était de 1 351 €. Et avec tout cet argent en plus (28 %) dont dispose Montreuil, cette Ville est toujours incapable d’assurer des services publics de qualité.

    Donc, contrairement aux apparences qui font que quand on arrive dans cette ville, on peut penser qu’on débarque dans une localité du tiers-monde sans moyens, Montreuil est riche, très riche ; beaucoup plus riche, par exemple, que le Prés-Saint-Gervais ou Vincennes, et bien d’autres, en termes de ressources par habitant. C’est juste une ville mal gérée, qui a pris de mauvaises habitudes, et depuis trop longtemps.

    Si ce n’est l’incompétence des élus pour prendre les bonnes décisions, il n’y a donc absolument aucune raison pour que cette Ville n’arrive pas à fournir à ses habitants les services publics qu’ils sont en droit d’attendre.

    2 - La réalité actuelle est que les instances politiques et d’État ne bougent que quand elles y sont contraintes et forcées ; et en particulier quand la responsabilité personnelle des gens qui les composent, est mise en cause. « Ça se comprend » ; non seulement, ils passent médiatiquement pour des incapables, donc ils risquent leur place, et en plus dans certains cas, leur mise en cause personnelle juridique (qu’elle soit administrative, civile et même parfois pénale) peut être activée.

    Deux exemples récents :

    - SNEM : 10 ans maintenant (et probablement plus, puisque l’entreprise s’est installée en 1988 à Montreuil) que ce problème est sur la table, sans que de promesses en assurance « qu’on » s’en occupe, il ne se passe absolument rien.

    Depuis le mini battage médiatique récent, il semble que les institutions recommencent à bouger un peu ; mais combien de temps encore faudra-t-il attendre avant que de vraies mesures soient prises ? A ce propos, cette entreprise a engagé le 03/08/2017 une « procédure de sauvegarde » ; le dirigeant est donc dégagé de toute responsabilité à compter de cette date.

    Pour information, Wipelec a posé le même type de problème à Meaux et à Romainville. Suite au dépôt de plainte, entre autres pour mise en danger de la vie d’autrui, contre les instances politiques et les institutions, (presque) tout s’est réglé en moins de 3 ans.

    - dans le 18e arrondissement de Paris, le Préfet et la Ville de Paris ont été condamnés ; le premier pour « carences dans les missions de protection de la sécurité et de la tranquillité », et la deuxième pour « carences dans la gestion des déchets et dans le maintien de la salubrité publique ». Une première qui a l’évidence ne restera pas sans suite (un recours de la Mairie a été déposé devant le Conseil d’État) ; d’autant que si les carences, incompétences et impuissances des pouvoirs publics deviennent condamnables, les Tribunaux administratifs vont être débordés. À suivre de près, donc…

    Ce sont juste deux faits, sur les 599 000 exemples possibles (il suffit de taper « mairie condamnée » dans votre moteur de recherche), pour démontrer que, pour faire réellement cesser les nuisances locales, ce type d’action est bien plus efficace que tous nos Conseils de quartier, qui radotent ad nauseam depuis des années sur les mêmes problèmes.

    C’est le fonctionnement actuel des institutions politiques et exécutives qui veut cela. On ne peut que déplorer d’être obligé de passer par la case médiatique et/ou justice pour se faire entendre et obtenir quelque chose, mais c’est comme ça.

     

    Une solution ; créer une association locale pour agir ! 

     

    Il est temps de prendre notre indépendance des instances consultatives et de concertations qui ne servent à rien, mais également des associations et partis qui n’ont de cesse de trahir leurs buts.

    Il est temps de disposer de notre propre outil, indépendant des contingences politiques pour vraiment faire bouger les choses.

    Cette association aura pour but :

    - de fédérer les bonnes volontés locales pour soutenir les projets événementiels, culturels, artistiques et de loisir,
    - d’agir pour que la vie des habitants s’améliore vraiment, dans les domaines environnementaux, urbanistiques, du quotidien, et pour la défense de leurs intérêts,
    - d’agir en justice si besoin.

    Pour cela pas besoin de se réunir une fois par mois, ni même de palabrer des heures. Nous mettrons en place une plate-forme où seront recensés tous les problèmes, accessible et visible par tous. Des forums seront créés pour échanger si besoin. La liste des problèmes sera régulièrement et officiellement communiquée à la Mairie et aux instances concernées. Et si besoin, des actions seront décidées en commun.

    Il est bien évident que ce type d’action ne peut donner des résultats que si nous sommes nombreux à y participer et à y donner un retentissement médiatique important. Aussi merci de diffuser cette proposition, afin que nous soyons le plus nombreux possible.

    L’adresse mail de contact pour nous signifier que vous souhaitez y participer : gazette.de.montreuil@free.fr

    Les statuts vous seront soumis dès que nous atteindrons une dizaine de participants. Une réunion pour faire connaissance, valider les statuts et élire les représentants sera organisée.

    J’espère que cette proposition n’arrive pas trop tard pour tous ceux qui pensent que « ça ne sert à rien »… Je pense au contraire que si nous nous y mettons tous, nous obtiendrons rapidement des résultats.

    Bon retour de vacances à ceux qui en ont pris. Je vous attends.

     

    « Création et communiqué du Ceve« L’efficacité » des services publics à Montreuil - Chapitre 1 : la propreté »

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :